Les Accords Révolutionnaires entre la Chine et le Sénégal : Ce que la visite d’Ousmane Sonko a vraiment changé

 

La récente visite officielle du Premier ministre Ousmane Sonko en Chine, du 20 au 22 juin 2025, marque un tournant majeur dans les relations diplomatiques et économiques entre le Sénégal et la République Populaire de Chine. Au-delà des poignées de main protocolaires, ce voyage a scellé une série d’accords stratégiques qui dessinent les contours d’une nouvelle ère de coopération, ancrée dans la vision de « souveraineté » du nouveau régime sénégalais. Les engagements pris touchent des secteurs clés, du numérique à l’énergie, en passant par les infrastructures et la finance, promettant des bénéfices concrets mais soulevant aussi des questions sur les implications à long terme.

 


 

Le « New Deal Technologique » : Le Cloud pour la Souveraineté Numérique

 

L’accord le plus emblématique de cette visite est sans doute le partenariat avec Alibaba Cloud. Le géant chinois du numérique s’est engagé à établir une « région cloud » en Afrique de l’Ouest, avec le Sénégal comme hub. Cette infrastructure de pointe permettra d’héberger les données numériques des entreprises et de l’État sénégalais sur le territoire national, garantissant une plus grande souveraineté des données. Ce projet, pilier du « New Deal Technologique » prôné par le gouvernement, est accompagné de discussions sur la création d’unités de fabrication de composants informatiques, visant un transfert de technologie et la création d’emplois locaux. L’objectif est clair : faire du Sénégal un leader régional du numérique, en s’appuyant sur l’expertise technologique chinoise.

 


 

Un Nouveau Modèle de Financement : Vers des « Panda Bonds » ?

 

Sur le plan financier, la délégation sénégalaise a mené des discussions approfondies avec les plus grandes institutions financières chinoises, dont la China Exim Bank, l’ICBC et la Development Bank. L’une des propositions les plus audacieuses est l’exploration de l’émission de « Panda Bonds », des obligations libellées en yuans et émises sur le marché financier chinois par une entité étrangère.

Si cette opération se concrétise, elle offrirait au Sénégal une nouvelle source de financement à des taux potentiellement plus attractifs, diversifiant ses créanciers et réduisant sa dépendance au marché financier occidental. En outre, la Chine a promis de débloquer les financements pour plusieurs projets en cours, notamment pour l’autoroute Mbour-Fatick-Kaolack et des projets d’hydraulique rurale, qui étaient en suspens. Cette démarche vise à rassurer sur la viabilité des projets et la confiance de la Chine dans la situation financière du Sénégal.


 

Infrastructures et Mobilité Électrique : Le Défi de la Modernité

 

La coopération dans les infrastructures a également été renforcée. En plus de la reprise des projets routiers, un protocole d’accord a été signé pour l’acquisition de 121 bus électriques auprès du constructeur chinois CRRC Corporation Limited. Mieux encore, l’accord prévoit l’établissement d’une usine d’assemblage de bus électriques au Sénégal. Ce projet a une double portée : il contribue à la modernisation du système de transport public avec le déploiement de solutions plus écologiques pour le BRT (Bus Rapid Transit) de Dakar, tout en favorisant l’industrialisation locale et le transfert de compétences.

 

Des protocoles d’intention ont également été signés avec des acteurs privés chinois pour des investissements dans l’agro-industrie, les énergies renouvelables et la logistique, en ligne avec l’objectif du gouvernement de transformer l’économie et de créer des pôles industriels à Diamniadio, Casamance, Touba et Matam.


 

Analyse et Perspectives : Souveraineté ou Nouvelle Dépendance ?

 

Cette visite marque clairement une volonté de diversifier les partenaires du Sénégal et de s’émanciper des relations historiques avec les puissances occidentales, notamment la France. En privilégiant la coopération Sud-Sud avec la Chine, Ousmane Sonko cherche à aligner les partenariats étrangers sur les intérêts stratégiques du Sénégal, loin de la simple aide au développement.

 

Toutefois, ces accords posent des questions légitimes. La transparence des contrats chinois, souvent critiquée pour son opacité dans d’autres pays africains, sera un enjeu majeur pour l’administration Sonko, qui a promis une gouvernance irréprochable. La question de la dette est également centrale. Si les « Panda Bonds » offrent une alternative, une gestion prudente sera essentielle pour éviter de tomber dans une spirale d’endettement.

Enfin, l’efficacité de ces accords dépendra de leur mise en œuvre. Le Premier ministre a assuré que des bénéfices « concrets » se feraient sentir dans les prochains jours et semaines, mais le succès de ces projets se mesurera à leur capacité à créer de la richesse, des emplois durables et un véritable transfert de technologie au profit de la population sénégalaise. La balle est désormais dans le camp de l’administration pour transformer ces accords prometteurs en réalités tangibles.