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La Nouvelle ère diplomatique sous Diomaye Faye

Sénégal-Togo : La Diplomatie de Rupture de Diomaye Faye bouscule-t-elle l’Afrique de l’Ouest ?

Le Sénégal et le Togo, deux piliers de la diplomatie et de l’économie ouest-africaine, partagent une histoire de coopération dense, mais aussi des points de rivalité stratégique. L’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko a marqué un tournant. Sous le sceau de la « rupture » et d’une nouvelle doctrine de souveraineté, le Sénégal réévalue ses partenariats et ses positions régionales. Au cœur de cette dynamique, la relation avec le Togo, dirigé par Faure Gnassingbé, prend une importance nouvelle et singulière. Entre une coopération diplomatique renforcée, notamment au sein de la CEDEAO, et une concurrence économique exacerbée par la quête d’investissements et la bataille des ports, cette relation bilatérale est un baromètre des ambitions sénégalaises sur la scène continentale.

Cet article se propose de décortiquer les multiples facettes de ce lien stratégique : des enjeux de la coopération économique aux subtilités des rivalités portuaires, en passant par les manœuvres diplomatiques les plus récentes. Nous explorerons comment la nouvelle administration sénégalaise redéfinit ses alliances et si, comme elle l’affirme, elle inaugure réellement une nouvelle ère pour ses relations avec le Togo et l’ensemble de la sous-région.

Image de Bassirou Diomaye Faye et Faure Gnassingbé lors d'une rencontre officielle, symbolisant le rapprochement diplomatique entre le Sénégal et le Togo.

1. Coopération Économique : Un bilan prometteur, des échanges à amplifier

Historiquement, le Sénégal et le Togo ont maintenu des liens économiques réguliers, formalisés par des accords de coopération. Le plus notable est l’Accord de Coopération économique et technique signé en 1985. Aujourd’hui, ces échanges se traduisent par un volume commercial non négligeable, bien que la balance soit en faveur du Togo.

Les données de 2023 montrent que le Togo a exporté environ 54,3 millions de dollars vers le Sénégal. Les produits dominants sont le coton, le gaz de pétrole et l’huile de palme. De son côté, le Sénégal a exporté 27 millions de dollars vers le Togo, principalement des produits pétroliers raffinés, des fils isolés et du poisson congelé. Ces chiffres illustrent une complémentarité, mais aussi un potentiel de croissance encore inexploité.

Tableau comparatif des échanges commerciaux (2023)

Pays Exportations vers l’autre pays Principaux produits exportés
Sénégal 27 millions USD Pétrole raffiné, fils isolés, poisson congelé
Togo 54,3 millions USD Coton, gaz de pétrole, huile de palme

« Une coopération économique solide est le socle d’une intégration régionale réussie. Le Sénégal et le Togo ont tous les atouts pour devenir des locomotives de l’UEMOA. »

Au-delà du commerce, les deux nations collaborent au sein d’initiatives régionales. Le **Centre d’excellence régional sur les sciences aviaires (CERSA)**, basé au Togo, a déjà formé de nombreux experts sénégalais, renforçant ainsi le capital humain de la sous-région. Des discussions sont également en cours pour un accord de coopération dans le secteur du tourisme, signe d’une volonté d’élargir le champ de leurs échanges mutuels.

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2. Rivalités Économiques : La guerre des ports et des IDE

Si la coopération est une réalité, la concurrence économique l’est tout autant. Le Sénégal et le Togo se positionnent comme des hubs logistiques et d’investissement majeurs en Afrique de l’Ouest. Cette compétition se matérialise sur deux fronts principaux : la guerre des ports et l’attraction des investissements directs étrangers (IDE).

La rivalité portuaire : Dakar vs Lomé

Les ports de Dakar et de Lomé sont des infrastructures stratégiques essentielles pour les pays de l’hinterland. Dakar, historiquement le principal point d’entrée pour le Mali, voit la concurrence s’intensifier avec l’essor du Port Autonome de Lomé. Grâce à une modernisation constante et à une politique de coûts compétitifs, le port togolais s’impose de plus en plus comme une alternative crédible pour les pays enclavés comme le Burkina Faso et le Niger.

Points clés de la rivalité des ports :

  • Position stratégique : Dakar pour le Mali et la Mauritanie, Lomé pour le Burkina Faso, le Niger et le Nigéria.
  • Modernisation : Les deux pays investissent massivement pour agrandir et moderniser leurs infrastructures portuaires.
  • Attractivité : La compétitivité des prix et la qualité des services sont au cœur de cette concurrence féroce.

La course aux investissements (IDE)

Le Sénégal, avec un flux d’IDE de 2,586 milliards de dollars en 2022 et un stock de 11,7 milliards de dollars, est un pôle d’attraction majeur. Cependant, le Togo a affiché une croissance spectaculaire de ses IDE, notamment en 2020 où il a enregistré une hausse de 85%, le positionnant en tête mondiale par rapport à la taille de son économie. En 2023, le Togo a encore affiché une croissance économique de 6,4%, confirmant son attractivité.

Analyse simplifiée des flux d’IDE

Bien que le Sénégal attire un volume d’IDE plus important en valeur absolue, la performance du Togo en 2020, avec une croissance de 85%, est remarquable. Cela montre que le Togo, grâce à des zones franches industrielles comme la Plateforme Industrielle d’Adetikopé (PIA), devient un concurrent sérieux pour les capitaux étrangers, obligeant le Sénégal à redoubler d’efforts pour maintenir son leadership.

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3. Enjeux Diplomatiques : L’alliance inattendue au sein de la CEDEAO

La nouvelle ère diplomatique sénégalaise s’est rapidement manifestée par une convergence d’intérêts avec le Togo sur la scène régionale. L’exemple le plus frappant est leur rôle conjoint de ** »facilitateurs »** désignés par la CEDEAO pour dialoguer avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui ont annoncé leur retrait de l’organisation.

Ce choix de confier une mission aussi délicate aux présidents Faye et Gnassingbé n’est pas anodin. Il témoigne d’une confiance mutuelle et d’une volonté de trouver une solution consensuelle à la crise qui fragilise la CEDEAO. Cette mission conjointe marque une étape cruciale dans la construction d’une relation bilatérale solide, reposant sur des défis régionaux partagés.

« Le rôle de facilitateurs de Diomaye Faye et Faure Gnassingbé est un signal fort : le Sénégal et le Togo sont prêts à travailler ensemble pour la stabilité et l’unité de la sous-région. »

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4. L’impact de l’ère Sonko-Faye sur la relation bilatérale

L’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko a été perçue comme un souffle de renouveau pour le Sénégal et ses relations internationales. La nouvelle administration a clairement affiché sa volonté de fonder sa politique étrangère sur la ** »souveraineté »** et la ** »réciprocité »**. C’est dans ce cadre que s’est inscrit le premier voyage de Diomaye Faye à Lomé, confirmant ainsi l’importance stratégique du Togo pour le Sénégal.

La visite de travail, axée sur la paix, la sécurité, l’économie, la jeunesse et la culture, a posé les jalons d’une coopération renforcée et « décomplexée ». La volonté du Sénégal de repenser ses partenariats, y compris avec les puissances historiques, pourrait bien positionner le Togo comme un allié de premier plan dans la quête d’une plus grande autonomie africaine.

Une nouvelle doctrine diplomatique

La diplomatie sénégalaise, sous l’impulsion de Diomaye Faye, se veut pragmatique et diversifiée. Elle cherche à consolider les liens avec les partenaires stratégiques, comme le Togo, tout en affichant une indépendance vis-à-vis des anciennes puissances. C’est un pari ambitieux qui pourrait redéfinir la géopolitique de la sous-région.

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Conclusion

La relation entre le Sénégal et le Togo est un équilibre délicat entre coopération fructueuse et compétition économique inévitable. L’arrivée de la nouvelle administration sénégalaise a insufflé un élan nouveau, marqué par une volonté de renforcer les partenariats régionaux sur des bases de souveraineté et d’intérêt mutuel. La coopération en tant que facilitateurs de la CEDEAO et les échanges lors de la récente visite présidentielle témoignent de cette dynamique positive. Si la compétition pour les investissements et le commerce reste un moteur, elle ne semble pas menacer une alliance qui se veut plus stratégique que jamais.

Le futur des relations Sénégal-Togo dépendra de la capacité des deux nations à transformer leurs rivalités en atouts et à construire une synergie durable pour la prospérité de l’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal, sous l’ère Diomaye Faye, semble bien déterminé à tracer cette nouvelle voie.

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FAQ : Vos questions sur les relations Sénégal-Togo

Quels sont les principaux produits échangés entre le Sénégal et le Togo ?

Les principaux produits échangés sont le pétrole raffiné et le poisson congelé pour le Sénégal, tandis que le Togo exporte principalement du coton, du gaz de pétrole et de l’huile de palme vers le Sénégal.

Pourquoi parle-t-on de « guerre des ports » entre Dakar et Lomé ?

Les ports de Dakar et de Lomé sont en concurrence pour attirer les flux de marchandises destinés aux pays enclavés de la sous-région comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ils investissent massivement pour moderniser leurs infrastructures et offrir des services plus compétitifs.

Quel rôle jouent le Sénégal et le Togo au sein de la CEDEAO ?

Les présidents des deux pays ont récemment été désignés « facilitateurs » par la CEDEAO pour mener les discussions avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce rôle témoigne de leur influence diplomatique et de leur volonté de trouver une solution à la crise de l’organisation.

Comment le nouveau gouvernement sénégalais perçoit-il ses partenariats avec des pays comme le Togo ?

Le gouvernement de Diomaye Faye et Ousmane Sonko a mis en avant une nouvelle doctrine diplomatique basée sur la souveraineté, la réciprocité et l’intérêt national. Il cherche à diversifier ses partenariats et à consolider ses alliances avec les pays frères de la sous-région, ce qui place le Togo comme un allié clé.

Le Sénégal ou le Togo, qui attire le plus d’investissements directs étrangers (IDE) ?

En valeur absolue, le Sénégal attire un volume d’IDE bien supérieur. Cependant, le Togo a enregistré une croissance très forte de ses investissements en 2020 et continue d’être très attractif, ce qui crée une saine concurrence entre les deux nations.

Y a-t-il de nouveaux projets de coopération bilatérale en cours ?

En plus de la coopération diplomatique et commerciale, des discussions sont en cours pour un accord dans le secteur du tourisme. Les deux pays explorent également de nouvelles pistes pour renforcer leur synergie, notamment dans des domaines comme la sécurité et la jeunesse.

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