Le corridor routier et ferroviaire qui relie Dakar à Bamako fait battre le cœur du commerce ouest-africain. Chaque année, plus de la moitié des exportations sénégalaises à destination du continent prennent la route vers le Mali : carburants, ciment, produits alimentaires, engrais, pièces détachées… En valeur, cela représente plus de 700 milliards de francs CFA et plusieurs millions de tonnes de marchandises. Pour le Sénégal, les échanges avec ce voisin enclavé assurent des milliers d’emplois dans le transport, la logistique et les services portuaires. Pour le Mali, pays sans façade maritime, Dakar reste la porte d’accès la plus rapide et la plus fiable vers l’océan Atlantique.
1. Un partenariat économique historique
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Une orientation “est-ouest” héritée du rail : la ligne Dakar–Bamako, ouverte au début du XXᵉ siècle, a structuré les flux commerciaux entre les deux pays.
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Un port tourné vers le Sahel : Dakar gère des espaces et des tarifs dédiés au fret malien, ce qui fluidifie le transit et réduit les coûts.
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Des filières complémentaires : le Sénégal exporte carburants raffinés, ciment et denrées ; le Mali fournit coton, bétail et or, mais reste massivement importateur.
2. Le corridor, artère vitale
Maillon | Rôle |
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Port de Dakar | Premier point d’entrée des marchandises maliennes ; capacités en cours d’extension avec le nouveau port de Ndayane. |
Route Dakar–Kidira–Bamako | 1 200 km très fréquentés ; des milliers de camions par semaine acheminent carburants et biens de consommation. |
Chemin de fer Dakar-Bamako | Potentiel de fret lourd à coût réduit ; un projet de rénovation vise à le relancer. |
3. Pourquoi le Mali privilégie Dakar
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Proximité géographique : Bamako est plus près de Dakar que d’Abidjan ou Conakry.
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Monnaie commune : franc CFA, zéro risque de change ni contrôle de devises.
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Infrastructures portuaires éprouvées : manutention rapide, zones de stockage, guichet unique.
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Relations politiques stables : dialogue permanent malgré les turbulences régionales.
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Logistique éprouvée : réseau de transporteurs et de services installés de longue date sur l’axe.
4. Vulnérabilités et défis
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Infrastructure routière et ferroviaire vieillissante ; nécessité de réhabiliter le rail et d’élargir certains tronçons.
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Multiplication des postes de contrôle ; inspections, formalités et “frais parallèles” allongent le temps de transit.
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Risques politiques : sanctions régionales ou instabilité au Sahel peuvent paralyser la frontière, comme en 2022.
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Concurrence d’autres corridors : Abidjan-Bamako, Conakry-Bamako ou Nouakchott-Bamako gagnent en attractivité.
5. Perspectives 2025 et au-delà
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Extension portuaire : la mise en service partielle du port de Ndayane dopera les capacités de transit.
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Digitalisation douanière : interconnexion des systèmes sénégalais et maliens pour un passage frontière quasi instantané.
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Réhabilitation ferroviaire : un train modernisé pourrait transporter carburants, engrais et céréales à moindre coût.
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Diversification malienne : le Mali explore des itinéraires alternatifs mais restera fortement adossé à Dakar tant que son économie dépendra du carburant sénégalais et des services du port.
En résumé
Le corridor Dakar-Bamako n’est pas seulement une route ; c’est un trait d’union économique et humain. Il fait du Mali le premier client africain du Sénégal, dynamise l’activité du port de Dakar et ancre la complémentarité des deux nations. Tant que les camions fileront sur la Nationale 1 et que le port lèvera ses grues pour le fret malien, la coopération sénégalo-malienne restera un modèle d’intégration régionale gagnant-gagnant.