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Le Sénégal et la BERD : Analyse Stratégique d’un Nouveau Partenariat dans la Finance du Développement en Afrique

 

 

 

L’adhésion officielle du Sénégal à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) le 23 juillet 2025, en tant que 79e actionnaire, marque un tournant stratégique tant pour la nation ouest-africaine que pour l’institution financière multilatérale. Cet événement, loin d’être une simple formalité administrative, s’inscrit dans une double dynamique : d’une part, la quête pragmatique du Sénégal pour diversifier ses sources de financement afin de réaliser ses ambitions de développement à long terme, incarnées par le plan « Sénégal 2050 » ; d’autre part, le pivot géopolitique de la BERD, qui étend pour la première fois son mandat historique post-soviétique à l’Afrique subsaharienne.

Ce rapport analyse en profondeur les multiples facettes de ce nouveau partenariat. Il examine les motivations économiques et politiques du Sénégal, en soulignant la tension inhérente entre la recherche de capitaux et la défense de la souveraineté nationale, un thème central du discours politique actuel. Du côté de la BERD, l’analyse révèle une expansion prudente et calculée, motivée par des considérations géostratégiques, notamment la volonté d’offrir un modèle de développement alternatif à celui des puissances émergentes, et par la reconnaissance du potentiel du secteur privé africain.

L’étude détaille le modèle opérationnel unique de la BERD, qui combine investissement, dialogue politique et assistance technique, avec un accent prononcé sur le secteur privé, la transition verte, la digitalisation et la bonne gouvernance. Les secteurs d’intervention potentiels au Sénégal, tels que les télécommunications, les PME et les énergies renouvelables, sont identifiés et évalués.

En replaçant l’arrivée de la BERD dans le paysage financier africain déjà dense, aux côtés d’acteurs établis comme la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, ce rapport met en lumière le défi de l’« additionnalité ». Le succès de la BERD dépendra de sa capacité à se forger une niche spécifique, en se concentrant sur des projets complexes du secteur privé qui requièrent des réformes structurelles.

Enfin, le rapport évalue les opportunités et les risques. Pour le Sénégal, l’accès à de nouveaux financements innovants est contrebalancé par les risques d’un endettement accru et des conditionnalités politiques potentiellement contraignantes. Pour la BERD, l’expansion en Afrique est une occasion de démontrer la pertinence de son modèle, mais elle s’accompagne de la nécessité impérieuse d’adapter ses politiques sociales et environnementales aux contextes locaux pour ne pas reproduire les écueils passés du financement du développement. Des recommandations stratégiques sont formulées à l’intention des différentes parties prenantes afin de maximiser la valeur de ce partenariat prometteur mais complexe.

 

Partie I : L’Adhésion du Sénégal : Un Réalignement Économique Stratégique

 

L’entrée du Sénégal dans le capital de la BERD est l’aboutissement d’un processus délibéré, motivé par des impératifs économiques pressants et s’inscrivant dans une nouvelle vision de la diplomatie économique du pays. Cette décision, bien que largement soutenue, a également nourri un débat national sur l’équilibre entre les opportunités de financement et la préservation de la souveraineté.

 

1.1. Un Partenariat Mûrement Réfléchi : Chronologie d’une Adhésion

 

Le parcours du Sénégal pour devenir actionnaire de la BERD a été relativement rapide, témoignant d’une volonté politique affirmée des deux côtés et d’un alignement stratégique des intérêts. Le processus a suivi plusieurs étapes clés, depuis la demande initiale jusqu’à la ratification finale, illustrant la mécanique d’intégration au sein de cette institution financière internationale.

La démarche a été officiellement initiée en octobre 2023, lorsque les autorités sénégalaises ont soumis leur demande d’adhésion à la BERD.1 Cette requête a rapidement reçu un écho favorable, le Conseil des gouverneurs de la Banque ayant approuvé la première étape du processus d’adhésion en février 2024.1 Sur le plan national, le gouvernement sénégalais a traduit cette volonté en action législative. Le 14 mars 2025, l’Assemblée nationale sénégalaise a examiné et adopté le projet de loi autorisant l’adhésion du pays à la BERD.2 Il est à noter que cette démarche s’inscrivait dans une stratégie plus large de diversification des partenaires financiers, puisque les députés ont également approuvé l’adhésion à d’autres institutions, notamment la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB).3

L’aboutissement de ce processus a été l’annonce officielle, le 23 juillet 2025, de l’entrée du Sénégal comme actionnaire de la BERD. Simultanément, le Kenya a également finalisé son adhésion, portant le nombre total de membres de la Banque à 79.5 Certains médias sénégalais ont rapporté que le Sénégal devenait le 78e membre, une information probablement exacte à un instant T, avant la finalisation simultanée du dossier kényan, mais l’annonce officielle de la BERD fait foi du statut de 79e membre pour l’ensemble.6 Avec cette adhésion, le Sénégal a également déposé une demande pour obtenir le statut de « pays bénéficiaire », une étape indispensable pour commencer à recevoir des financements, une procédure que la Banque a commencé à instruire.5

Tableau 1 : Chronologie de l’Adhésion du Sénégal à la BERD (2023-2025)

Date Étape Clé Acteurs Impliqués Source(s)
Octobre 2023 Dépôt de la demande d’adhésion du Sénégal Gouvernement du Sénégal 1
Février 2024 Approbation de la demande d’adhésion par le Conseil des gouverneurs Conseil des gouverneurs de la BERD 1
14 mars 2025 Examen et adoption du projet de loi autorisant l’adhésion Assemblée nationale du Sénégal 2
Mai 2024 Approbation de l’adhésion du Kenya (contexte simultané) Conseil des gouverneurs de la BERD 5
23 juillet 2025 Officialisation de l’adhésion du Sénégal (et du Kenya) comme actionnaire BERD, Gouvernement du Sénégal 5
Juillet 2025 Entrée en vigueur de l’amendement à l’Article 1 de la BERD Actionnaires de la BERD 5
Post-juillet 2025 Instruction de la demande du Sénégal pour devenir « pays bénéficiaire » Direction de la BERD 5

 

1.2. L’Impératif Économique : Financer l’Ambition d’une Nation

 

La décision du Sénégal de rejoindre la BERD est avant tout motivée par une nécessité économique profonde et multidimensionnelle. Il s’agit d’une démarche pragmatique visant à la fois à sécuriser les ressources nécessaires pour ses plans de développement à long terme et à répondre à des contraintes budgétaires plus immédiates, tout en s’inscrivant dans une stratégie de diversification de ses partenariats financiers.

Au cœur de cette motivation se trouve le besoin de financer les ambitions nationales. Les députés sénégalais ont explicitement lié cette adhésion à la nécessité de trouver les moyens de financer le plan de développement « Sénégal 2050 » ainsi que la stratégie nationale de développement 2025-2029.3 Qualifiée d’« opportunité historique » par certains parlementaires, l’intégration à la BERD et à d’autres banques régionales est perçue comme un levier essentiel pour mobiliser les capitaux indispensables à la réalisation de projets d’infrastructures et de transformation économique.3

Au-delà de cette vision à long terme, l’adhésion répond à des pressions financières conjoncturelles. Des élus ont souligné que cette ouverture n’était pas une simple formalité mais « une réponse pragmatique à la pression financière qui pèse sur notre économie en lambeaux ».3 Le fait que le budget de l’État pour l’année 2025 ait été validé avec un déficit a été mis en avant pour justifier la nécessité de rechercher de nouvelles sources de financement pour combler ce « gap ».3

Cette démarche s’inscrit également dans une stratégie délibérée de diversification des partenaires financiers. En rejoignant simultanément des institutions à dominante européenne (BERD) et asiatique (AIIB), le gouvernement sénégalais cherche à élargir son éventail d’options et à ne plus dépendre uniquement des bailleurs de fonds traditionnels.3 L’objectif est de trouver des « options concessionnelles » dans un contexte économique et financier mondial difficile, permettant d’accéder à de nouvelles ressources, technologies et marchés jugés indispensables au développement économique du pays.3

Enfin, un objectif central est de renforcer le secteur privé. L’adhésion à la BERD est vue comme un signal fort envoyé aux investisseurs internationaux, susceptible d’attirer davantage de capitaux étrangers et de renforcer la confiance dans l’économie sénégalaise.7 À terme, cela pourrait contribuer à faire baisser le coût du financement pour les entreprises et l’État. Pour le tissu économique local, cette nouvelle relation promet de donner aux entreprises sénégalaises « un accès facilité à des financements innovants », ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de croissance et de compétitivité.6

 

1.3. Le Discours National : Entre Souveraineté et Opportunité

 

L’adhésion du Sénégal à la BERD, bien qu’ayant fait l’objet d’un consensus apparent lors du vote à l’Assemblée nationale, a cristallisé un débat de fond au sein de la classe politique et de l’opinion publique. Ce débat met en lumière une tension fondamentale, particulièrement saillante pour la nouvelle administration, entre la quête pragmatique d’opportunités de financement et la défense d’une souveraineté nationale farouchement revendiquée.

Les partisans de l’adhésion, au premier rang desquels la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, ont défendu le projet comme une démarche logique et bénéfique. Ils ont soutenu que l’entrée du Sénégal dans le capital de ces banques permettrait de « renforcer [les] fonds et [les] dotations » du pays et de faire du secteur privé le véritable « moteur de notre développement ».3 Cette vision pragmatique considère l’accès à de nouvelles sources de financement comme un outil indispensable pour concrétiser les ambitions nationales.

Cependant, des voix critiques se sont fait entendre, exprimant des réserves et des inquiétudes. Fait notable, Aïssata Tall Sall, figure politique de premier plan et ancienne ministre des Affaires étrangères, a accepté de voter en faveur des projets de loi tout en faisant part de ses « réserves » spécifiques concernant l’adhésion à la BERD.3 D’autres députés, comme Awa Seck et Daba Wagnane, ont été plus explicites, craignant que le Sénégal n’en vienne à perdre sa « souveraineté bancaire » en raison d’une trop forte diversification de ses partenaires financiers et d’une dépendance accrue envers eux.3

Ce clivage se retrouve dans les commentaires publics, notamment en ligne. Certains citoyens ont critiqué ce qu’ils perçoivent comme une contradiction, accusant le gouvernement de « courir sans vergogne derrière les européens en quêtes de financement » après avoir mené une campagne axée sur la souveraineté et la rupture.9 D’autres, au contraire, ont salué une action concrète et une initiative excellente, y voyant une preuve de pragmatisme de la part du nouveau gouvernement.9

Cette dynamique illustre un enjeu majeur pour la nouvelle administration sénégalaise. Elle doit naviguer ce que l’on pourrait appeler un « paradoxe de la souveraineté » : pour acquérir la capacité réelle d’agir et de mettre en œuvre un projet national autonome, c’est-à-dire pour exercer une souveraineté effective, elle a besoin de capitaux massifs. Or, l’obtention de ces capitaux passe par des partenariats avec des institutions financières internationales puissantes, qui imposent leurs propres règles et conditionnalités, semblant ainsi limiter cette même souveraineté. La stratégie du gouvernement semble être de résoudre ce paradoxe non par l’isolement, mais par la diversification. En multipliant les partenaires (européens, asiatiques, régionaux), il cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis d’un seul bloc et à augmenter sa marge de manœuvre, renforçant ainsi sa souveraineté pratique.

Dans ce contexte, l’adhésion à la BERD, une institution par essence européenne, devient un véritable test pour la diplomatie économique du nouveau pouvoir. Elle envoie un signal fort aux cercles financiers internationaux : malgré une rhétorique souverainiste, le Sénégal reste un acteur pragmatique, prêt à s’engager avec les partenaires occidentaux sur la base des principes de l’économie de marché et de la bonne gouvernance.5 Ce faisant, le gouvernement cherche à légitimer son positionnement sur la scène internationale et à bâtir une confiance susceptible de débloquer des investissements bien au-delà des seuls financements de la BERD.

 

Partie II : La Nouvelle Frontière de la BERD : Expansion Stratégique en Afrique Subsaharienne

 

L’arrivée de la BERD au Sénégal n’est pas un événement isolé. Elle constitue la première concrétisation d’un pivot stratégique majeur pour la Banque : son expansion, pour la première fois de son histoire, en Afrique subsaharienne. Cette décision, mûrement réfléchie, est le fruit d’une conjonction de facteurs géopolitiques, économiques et institutionnels qui redéfinissent le rôle et l’ambition de la BERD sur la scène mondiale.

 

2.1. Un Mandat en Évolution : du Bloc Post-Soviétique au Sud Global

 

Fondée en 1991 avec un mandat très spécifique – accompagner la transition des pays d’Europe centrale et orientale vers la démocratie pluraliste et l’économie de marché après la chute du communisme – la BERD a progressivement élargi son champ d’action.11 Au fil des décennies, son périmètre s’est étendu à l’Asie centrale, puis à la région du sud et de l’est de la Méditerranée (SEMED), incluant l’Afrique du Nord.14

Le tournant décisif a eu lieu lors de l’Assemblée annuelle de 2023 à Samarcande, en Ouzbékistan. Le Conseil des gouverneurs y a approuvé une modification historique de l’article 1er des statuts de la Banque, autorisant une expansion « limitée et progressive » de ses opérations à l’Afrique subsaharienne et à l’Irak.5

Cette réorientation stratégique est portée par plusieurs facteurs. Sur le plan économique, la BERD a identifié des liens économiques croissants entre ses pays d’opérations actuels et l’Afrique subsaharienne, ainsi qu’un potentiel considérable pour le développement du secteur privé dans la région.14 Cependant, les motivations géopolitiques sont tout aussi prégnantes. L’expansion est en partie une réponse stratégique à l’influence grandissante des pays du groupe BRICS en Afrique, offrant un modèle de développement concurrent, ancré dans les valeurs européennes de gouvernance, de transparence et de durabilité.19 De plus, la guerre en Ukraine a renforcé le rôle de la BERD comme instrument au service des priorités géopolitiques de ses actionnaires, notamment l’Union européenne. L’engagement dans des régions où l’influence russe est perçue comme déstabilisatrice est devenu une priorité stratégique.14 L’Union européenne, actionnaire majeur, considère ainsi la présence de la BERD en Afrique subsaharienne comme revêtant une « importance géostratégique » considérable.20

 

2.2. Le Déploiement Progressif : Une Stratégie Prudente et Calculée

 

Conformément à la décision de ses gouverneurs, la BERD aborde son expansion en Afrique subsaharienne avec une prudence marquée, suivant une feuille de route clairement définie comme « limitée et progressive ».17 Cette approche vise à garantir que la nouvelle orientation ne compromette ni sa solidité financière, ni sa capacité à soutenir ses pays d’opérations historiques.

La stratégie initiale se concentre sur une cohorte de six pays, soigneusement sélectionnés pour leur potentiel et leur adéquation avec le modèle de la Banque : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigéria et le Sénégal.16 Il est prévu que la BERD n’investisse que dans un maximum de six pays de la région entre 2025 et 2030, soulignant le caractère graduel de l’engagement.24

Le processus d’intégration pour ces pays se déroule en deux temps. D’abord, un pays doit devenir actionnaire (membre) de la Banque. Ensuite, il doit soumettre une demande distincte pour obtenir le statut de « pays bénéficiaire » (ou « pays d’opérations »), ce qui l’autorise à recevoir des financements. Le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Nigéria ont été les premiers à franchir ces deux étapes, obtenant le statut de pays bénéficiaires à compter de juillet 2025.5 Le Sénégal et le Kenya, ayant récemment finalisé leur adhésion en tant que membres, ont vu leurs demandes de statut de bénéficiaire mises à l’instruction.5

Il est crucial de noter que cette nouvelle ambition africaine est conditionnée par la priorité absolue accordée par la Banque au soutien à l’Ukraine. Les dirigeants de la BERD ont été très clairs sur le fait que l’expansion en Afrique ne se ferait pas au détriment des ressources allouées à l’aide à l’Ukraine et aux autres pays affectés par le conflit.5

 

2.3. Schéma Opérationnel pour une Nouvelle Région

 

Pour concrétiser son expansion, la BERD a défini un schéma opérationnel qui s’appuie sur les piliers de son modèle d’affaires, tout en cherchant à s’adapter aux spécificités du contexte africain.

En termes de volume financier, l’ambition est significative : la Banque prévoit de déployer environ 1,5 milliard d’euros par an à travers les six pays cibles de la première vague.25 Pour gérer efficacement ces investissements et s’imprégner des réalités locales, la BERD entend établir une forte présence sur le terrain. Cela se traduira par l’ouverture de bureaux dans les capitales économiques clés, dont Dakar, Lagos et Abidjan, et par le recrutement de personnel local pour bénéficier d’une expertise et d’une connaissance approfondie du terrain.25 Un représentant pour le Sénégal a d’ailleurs déjà été nommé, signalant l’imminence des opérations.28

Un axe stratégique particulièrement important est l’accent mis sur le financement en monnaie locale.25 Cette approche vise à renforcer les marchés de capitaux locaux, un enjeu structurel majeur pour le continent, et à réduire le risque de change pour les emprunteurs, qui est souvent un obstacle majeur à l’investissement.

Consciente de la nécessité de ne pas opérer en silo, la BERD mise sur la collaboration. Elle a annoncé le renforcement de son partenariat stratégique avec la Banque africaine de développement (BAD), s’appuyant sur des collaborations antérieures réussies, notamment en Afrique du Nord.21 L’objectif est de fournir conjointement des solutions de financement et de conseil aux PME, créant ainsi un écosystème d’investissement plus robuste et évitant les doublons.

Cependant, l’entrée de la BERD sur ce nouveau terrain soulève le défi de l’« additionnalité ». Le mandat de la Banque exige qu’elle n’intervienne que là où le financement privé fait défaut et qu’elle ne duplique pas le travail d’autres institutions financières internationales.29 Dans une région où la BAD, la Banque mondiale et de nombreux autres partenaires de développement sont déjà très actifs, prouver cette valeur ajoutée unique sera un enjeu stratégique majeur.30 Le succès de la BERD dépendra donc de sa capacité à se tailler une niche spécifique, en capitalisant sur son expertise reconnue dans la mobilisation de capitaux privés pour des projets complexes (comme les partenariats public-privé), la promotion de réformes politiques profondes et le renforcement des marchés de capitaux locaux, des domaines où elle peut apporter une contribution distincte.25

 

Partie III : Les Mécanismes du Partenariat : Modèle et Conditionnalités de la BERD

 

Pour comprendre la portée réelle de l’adhésion du Sénégal, il est essentiel de décortiquer le modèle opérationnel de la BERD, qui se distingue de celui d’autres banques multilatérales de développement. Son approche repose sur une combinaison unique d’outils financiers et politiques, assortie de conditions d’engagement claires qui façonneront la nature de son intervention au Sénégal.

 

3.1. Le Modèle d’Affaires Distinctif de la BERD : Investissement, Politique et Conseil

 

Le modèle de la BERD repose sur une approche intégrée à trois piliers, conçue pour favoriser la transition vers des économies de marché durables : l’investissement, le dialogue politique et les services de conseil.5

Le premier pilier, l’investissement, constitue le cœur de son activité. La BERD propose une gamme variée d’instruments financiers, principalement des prêts (généralement de 5 à 250 millions de dollars US), des prises de participation au capital d’entreprises, et des facilités de financement du commerce international.16 Conformément à son mandat, la Banque se concentre sur le secteur privé, qui représente historiquement la grande majorité de son portefeuille.14 Son statut lui interdit d’ailleurs d’avoir une exposition au secteur public supérieure à 40 % de son portefeuille total.29 Elle peut néanmoins financer des entités publiques lorsque celles-ci fournissent des services essentiels, comme dans les secteurs de l’eau ou de l’énergie.33

Le deuxième pilier, le dialogue politique, est ce qui différencie le plus la BERD. La Banque utilise ses investissements comme un levier pour encourager et accompagner des réformes structurelles dans ses pays d’opérations. Ce dialogue vise à améliorer le climat des affaires, à renforcer la gouvernance et à promouvoir un cadre réglementaire favorable à l’investissement privé.14

Le troisième pilier est celui des services de conseil (ou assistance technique). La BERD fournit une expertise technique à ses clients pour les aider à préparer des projets, à améliorer leur gestion, à se conformer aux normes internationales et à renforcer leurs capacités institutionnelles.33

L’ensemble de ces interventions est guidé par un cadre conceptuel fondé sur six « qualités de la transition ». La BERD évalue l’impact de ses projets à l’aune de leur capacité à rendre les économies plus compétitives, mieux gouvernées, plus vertes, plus inclusives, plus résilientes et mieux intégrées.33 Ces six qualités constituent la grille d’analyse fondamentale qui détermine la pertinence et la valeur ajoutée de chaque investissement.

 

3.2. Les Conditions de l’Engagement : Mandats Politiques et ESG

 

L’accès aux ressources de la BERD est subordonné au respect d’un ensemble de conditions politiques et de normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) qui sont au cœur de son identité institutionnelle.

La condition la plus fondamentale est inscrite dans l’article 1er de ses statuts : la BERD ne peut opérer que dans des pays qui s’engagent à respecter et mettent en pratique « les principes de la démocratie pluraliste, du pluralisme et de l’économie de marché ».12 Avant d’accorder le statut de pays bénéficiaire, la Banque procède à une évaluation technique détaillée de l’adhésion du pays candidat à ces principes politiques.20 Ce mandat politique la distingue nettement d’autres institutions comme la Banque mondiale, dont les statuts interdisent l’ingérence politique.36

Ensuite, la Politique Environnementale et Sociale (PES) de la BERD est une pierre angulaire de son action. Elle guide tous ses investissements pour garantir un « développement écologiquement rationnel et durable ».37 Cette politique impose des normes rigoureuses en matière d’évaluation des impacts environnementaux, de consultation des communautés locales, de protection des droits des populations autochtones et de conditions de travail. Le respect de cette politique est une condition non négociable pour tout financement.

Enfin, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont des valeurs cardinales. La Banque dispose de politiques strictes en matière d’intégrité, de conformité et de sanctions pour prévenir et combattre la fraude et la corruption dans les projets qu’elle finance.14

Ce modèle de conditionnalité, où le financement est lié à des réformes, représente une arme à double tranchant. D’un côté, il peut être un puissant catalyseur de changement, en aidant les gouvernements à mettre en œuvre des réformes difficiles mais nécessaires. De l’autre, il peut être perçu comme une ingérence dans les affaires intérieures d’un État, un point particulièrement sensible dans le contexte politique sénégalais actuel. L’expérience de la BERD dans d’autres régions, comme en Ukraine, montre que ce dialogue politique n’est véritablement efficace que lorsqu’il rencontre une volonté politique locale et peut être freiné par de puissants intérêts nationaux opposés aux réformes.38 Le succès de la BERD au Sénégal dépendra donc de sa capacité à mener ce dialogue avec finesse et diplomatie, en le présentant comme un partenariat pour atteindre des objectifs communs plutôt que comme une conditionnalité imposée.

 

3.3. Secteurs d’Intervention Pressentis au Sénégal

 

Bien que les premiers projets concrets n’aient pas encore été annoncés, plusieurs indices permettent d’anticiper les secteurs qui seront prioritaires pour la BERD au Sénégal. Ces orientations découlent à la fois des priorités stratégiques globales de la Banque et des premiers contacts établis avec les autorités sénégalaises.

Le secteur du numérique et des télécommunications apparaît comme un domaine d’intérêt majeur. Une délégation de haut niveau de la BERD a effectué une visite de travail à l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) du Sénégal dès mai 2025. Les discussions ont porté sur le renforcement de la connectivité, le soutien à l’innovation et la mise en place d’une régulation agile.28 Cet intérêt est en parfaite adéquation avec l’une des trois priorités stratégiques transversales de la BERD : « accélérer la transition numérique ».33

Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) constitueront un autre axe d’intervention central. La BERD a commandé une étude de marché approfondie sur le Sénégal (ainsi que sur d’autres pays de la première vague d’expansion) avec un « accent particulier sur les micro, petites et moyennes entreprises » et leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales.39 Cela indique une volonté claire de financer et de conseiller le tissu économique qui constitue l’épine dorsale de l’économie sénégalaise, en ligne avec sa mission de promotion du secteur privé.

Enfin, la transition verte et les infrastructures durables seront sans aucun doute au cœur de la stratégie de la BERD au Sénégal. Compte tenu de l’engagement de la Banque à aligner toutes ses activités sur les objectifs de l’Accord de Paris et de sa priorité stratégique pour une économie plus verte 33, des investissements importants sont à prévoir dans les énergies renouvelables, la gestion durable de l’eau, les transports propres et les projets d’adaptation au changement climatique.

L’interaction entre les normes ESG strictes de la Banque et les priorités de développement nationales pourrait toutefois créer des points de friction. L’accès aux financements de la BERD implique l’adoption de ses standards, ce qui peut ralentir les projets et augmenter leurs coûts, même si cela garantit une meilleure durabilité. Le gouvernement sénégalais devra donc gérer un arbitrage complexe entre la rapidité d’exécution souhaitée et les exigences de ses nouveaux partenaires.

 

Partie IV : Un Terrain Concurrentiel : La BERD dans le Paysage de la Finance du Développement en Afrique

 

L’arrivée de la BERD en Afrique subsaharienne ne se fait pas dans un vide institutionnel. Elle pénètre un écosystème de financement du développement déjà bien établi, dominé par des acteurs de longue date comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Comprendre le positionnement de la BERD par rapport à ces institutions est essentiel pour évaluer sa valeur ajoutée potentielle, ainsi que les dynamiques de collaboration et de concurrence qui en découleront.

 

4.1. Se Positionner face aux Acteurs Établis : Une Analyse Comparative

 

Chaque banque multilatérale de développement (BMD) opérant en Afrique possède un mandat, une structure et un modèle opérationnel qui lui sont propres. La BERD se distingue de ses pairs sur plusieurs points fondamentaux.

Tableau 2 : Cadre Comparatif des BMD en Afrique (BERD, BAD, Banque Mondiale/SFI)

Caractéristique Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) Banque Africaine de Développement (BAD) Groupe de la Banque Mondiale (SFI pour le secteur privé)
Mandat

Politique et économique : promouvoir la démocratie pluraliste et l’économie de marché.12

Régional et économique : promouvoir la croissance durable et réduire la pauvreté en Afrique.13

Mondial et économique : réduire l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.13

Clients Principaux

Majoritairement le secteur privé (entreprises, banques). Limite statutaire de 40% pour le secteur public.29

Principalement les gouvernements et entités publiques, avec un guichet pour le secteur privé en croissance.

La SFI (IFC) se consacre exclusivement au secteur privé dans les pays en développement.13

Approche / Modèle

Modèle intégré « Une Banque » combinant investissement, dialogue politique et conseil technique.32

Modèle « Une Banque » avec une forte décentralisation et une connaissance approfondie du contexte africain.42

Structure en plusieurs entités (BIRD, IDA, SFI, MIGA). La SFI se concentre sur l’investissement et le conseil aux entreprises.13

Différenciateur Clé

Le mandat politique explicite et l’utilisation du dialogue politique comme outil central de la transition.13

L’ancrage et la légitimité purement africains. Expertise régionale inégalée.

La taille, la portée mondiale et la séparation claire entre les guichets public (BIRD/IDA) et privé (SFI).13

Part du Secteur Privé Environ 75-80% du portefeuille annuel. Significativement plus faible que la BERD, mais en augmentation. 100% pour la SFI, qui est le bras privé du Groupe.

Cette comparaison met en évidence le positionnement unique de la BERD. Alors que la Banque mondiale opère à une échelle mondiale et que la BAD possède une légitimité régionale inégalée, la BERD apporte un modèle d’affaires intensif en capital et en politique, spécifiquement orienté vers la dynamisation du secteur privé. Sa concurrente la plus directe sur ce segment est la Société Financière Internationale (SFI), le bras privé du Groupe de la Banque mondiale. Cependant, le modèle de la BERD intègre le dialogue sur les réformes politiques de manière plus directe et systématique à ses opérations d’investissement que ne le fait la SFI.42

 

4.2. Synergies et Frictions : Collaboration ou Compétition?

 

L’entrée d’un nouvel acteur aussi important que la BERD va inévitablement reconfigurer les dynamiques institutionnelles en Afrique. La question est de savoir si cela se traduira par une collaboration renforcée au bénéfice des pays africains ou par une concurrence accrue pour des ressources et des projets limités.

Les signaux pointent dans les deux directions. D’une part, il existe une volonté claire de collaboration. La BERD a déjà une pratique de diagnostics nationaux conjoints avec la BAD et la Banque européenne d’investissement (BEI), comme ce fut le cas au Maroc, afin d’harmoniser les analyses et d’éviter les redondances.44 Plus significativement, elle a annoncé un renforcement de son partenariat stratégique avec la BAD, visant spécifiquement à co-financer et à conseiller les PME en Afrique subsaharienne.21 Cela suggère une intention de capitaliser sur les forces respectives des deux institutions : la connaissance du terrain et les relations gouvernementales de la BAD, et l’expertise de la BERD dans la structuration de financements privés.

D’autre part, la compétition pour les projets privés « bancables » est inévitable. La propre analyse de la BERD, basée sur l’expérience d’autres BMD, souligne la « rareté des projets bancables disponibles dans le secteur privé » en Afrique subsaharienne, ce qui nécessite un travail préparatoire important en amont (« upstream work »).31 Dans cette course, la BERD pourrait avoir un avantage concurrentiel dans certaines niches grâce à son expertise pointue dans les partenariats public-privé (PPP) complexes et à son accent stratégique sur le financement en monnaie locale, qui répond à un besoin crucial des entreprises africaines.25

Pour les pays comme le Sénégal, cette nouvelle dynamique peut s’avérer bénéfique. Une concurrence accrue entre les BMD peut se traduire par des conditions de financement plus avantageuses, des produits financiers plus innovants et une plus grande réactivité de la part des institutions.

En définitive, le succès de la BERD en Afrique ne se mesurera pas seulement à sa capacité à rivaliser avec les acteurs établis, mais surtout à sa faculté à dominer une niche à haute valeur ajoutée : le financement du « chaînon manquant » du développement du secteur privé. Il s’agit des entreprises et des projets qui sont trop grands pour la microfinance mais trop risqués ou complexes pour les banques commerciales classiques. En combinant capital, conseil sur mesure et réformes politiques ciblées, la BERD peut se positionner comme le partenaire de choix pour ces opérations transformatrices, justifiant ainsi son « additionnalité » dans un paysage déjà bien pourvu.

 

Partie V : Analyse Globale, Perspectives et Recommandations Stratégiques

 

L’adhésion du Sénégal à la BERD ouvre un nouveau chapitre plein de promesses, mais également semé de défis. Une analyse prospective des impacts potentiels, des risques à maîtriser et des stratégies à adopter est indispensable pour que ce partenariat tienne toutes ses promesses et contribue de manière significative au développement durable et inclusif du Sénégal.

 

5.1. Évaluation de l’Impact Économique pour le Sénégal

 

L’arrivée de la BERD au Sénégal devrait générer des retombées économiques positives, mais elle comporte aussi des risques qui doivent être gérés avec prudence.

Bénéfices potentiels :

  • Accès à de nouveaux capitaux : Le bénéfice le plus direct est l’accès à une nouvelle source de financement, estimée à 1,5 milliard d’euros par an pour l’ensemble des six premiers pays africains.25 Ces fonds seront particulièrement orientés vers le secteur privé et les PME, qui peinent souvent à trouver des financements adaptés à leur croissance.6

  • Amélioration de la confiance et baisse du coût du capital : Le sceau d’approbation de la BERD, une institution notée AAA, peut renforcer la confiance des investisseurs internationaux dans l’économie sénégalaise. À terme, cet afflux de confiance et de capitaux peut exercer une pression à la baisse sur les taux d’intérêt et le coût global du financement pour l’État et les entreprises.7

  • Transfert d’expertise et de technologie : Au-delà du financement, la BERD apporte une expertise technique de pointe, notamment dans ses domaines de prédilection que sont la transition verte, la digitalisation et la structuration de projets complexes. Le Sénégal pourra bénéficier de ce savoir-faire pour moderniser ses infrastructures et ses secteurs clés.3

  • Catalyseur de réformes : Le dialogue politique mené par la BERD peut inciter et accompagner des réformes structurelles visant à améliorer le climat des affaires, la transparence et la gouvernance, créant ainsi un cercle vertueux pour l’investissement.14

Risques et défis :

  • Augmentation de la dette : Tout nouveau financement, même concessionnel, s’ajoute à la dette nationale. Si les projets financés ne génèrent pas la croissance économique et les revenus escomptés, cela pourrait aggraver le fardeau de la dette.

  • Conditionnalité et souveraineté : Le risque le plus débattu au Sénégal est celui de la perte de marge de manœuvre politique. Les conditions liées aux financements de la BERD, qu’elles soient politiques (démocratie, économie de marché) ou techniques (normes ESG), pourraient contraindre les choix de développement du gouvernement.3

  • Risques sociaux et environnementaux : Malgré les garde-fous de la Banque, le risque de projets ayant des impacts négatifs sur les communautés locales ou l’environnement n’est jamais nul. La bonne application des politiques de sauvegarde dans un contexte nouveau sera un défi majeur.

 

5.2. Naviguer entre les Écueils : Atténuation des Risques et Engagement Responsable

 

L’expansion de la BERD en Afrique a suscité des mises en garde de la part de la société civile internationale, qui appellent à une vigilance accrue pour éviter de répéter les erreurs passées du financement du développement.

Des organisations comme Accountability Counsel ont publiquement averti que, sans une adaptation et un renforcement de ses politiques, la BERD risquait de « reproduire les préjudices » déjà causés par d’autres institutions dans la région.30 Elles soulignent que des problèmes systémiques en Afrique subsaharienne, tels que la consultation inadéquate des communautés et les déplacements de populations liés aux grands projets, nécessitent une attention particulière.46

Pour la BERD, cela implique une nécessité impérieuse d’adapter son approche. Il ne suffira pas d’appliquer mécaniquement ses politiques existantes. La Banque devra investir dans la compréhension des contextes juridiques, culturels et sociaux locaux, notamment en assurant la diffusion des informations sur les projets dans les langues locales et en respectant scrupuleusement le droit des communautés au consentement libre, préalable et éclairé.46

Face à ces critiques, une piste concrète est proposée : le développement par la BERD de son propre « cadre de remédiation et de sortie responsable » (remedy and responsible exit framework). En suivant l’exemple récent de la SFI, un tel cadre permettrait de clarifier les procédures pour réparer les dommages causés par un projet et d’assurer une gestion responsable de la fin de ses investissements.46 L’adoption d’un tel mécanisme serait un signal fort de l’engagement de la BERD à ne pas seulement étendre ses horizons, mais aussi à assumer pleinement ses responsabilités.

 

5.3. Recommandations Stratégiques pour Maximiser la Valeur

 

Pour que le partenariat entre le Sénégal et la BERD soit un succès mutuel, une approche proactive et stratégique est requise de la part de toutes les parties prenantes.

Pour le Gouvernement du Sénégal :

  1. Créer un comité de pilotage stratégique : Mettre en place une instance conjointe Gouvernement-BERD pour garantir que tous les projets et dialogues politiques soient systématiquement alignés sur les priorités nationales définies dans le plan « Sénégal 2050 ». Cela permet de cadrer le partenariat et de maintenir le leadership national.

  2. Renforcer les capacités nationales : Utiliser activement l’assistance technique de la BERD non pas pour externaliser l’expertise, mais pour renforcer les compétences des ministères et agences sénégalaises dans la gestion de projets complexes (PPP, énergies renouvelables) et la conduite d’évaluations d’impact ESG rigoureuses.

  3. Maîtriser le narratif public : Communiquer de manière transparente sur les termes du partenariat, en expliquant comment la diversification des sources de financement et l’adoption de normes internationales peuvent être des outils au service de la souveraineté économique à long terme, plutôt qu’une renonciation à celle-ci.

Pour le Secteur Privé Sénégalais :

  1. Se mettre aux normes internationales : Anticiper les exigences de la BERD en améliorant la gouvernance d’entreprise, la transparence financière et le reporting ESG. Devenir « bancable » pour la BERD, c’est aussi devenir plus attractif pour tous les investisseurs.

  2. Solliciter l’expertise en amont : Engager les services de conseil de la BERD dédiés aux PME le plus tôt possible pour préparer des dossiers de financement solides et structurer des plans de croissance alignés sur les standards internationaux.

  3. Penser en consortiums : Pour les grands projets d’infrastructure, former des consortiums d’entreprises locales pour pouvoir répondre à des appels d’offres de plus grande envergure et proposer des projets ayant un impact systémique, notamment dans les secteurs de l’énergie verte et du numérique.

Pour la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) :

  1. Prioriser la présence locale : Donner au bureau de Dakar une autonomie de décision significative et des ressources suffisantes. Des « bottes sur le terrain » (boots on the ground) sont essentielles pour une prise de décision rapide, pertinente et adaptée au contexte local.25

  2. Adapter les politiques de sauvegarde : Développer et publier un « Cadre d’Adaptation pour l’Afrique Subsaharienne » pour sa Politique Environnementale et Sociale, qui intègre explicitement les leçons apprises et les avertissements de la société civile, notamment sur la consultation communautaire et la remédiation.46

  3. Faire de la collaboration une réalité : Placer le partenariat avec la BAD au cœur de sa stratégie africaine. Privilégier systématiquement le co-financement, le partage des risques et le dialogue politique conjoint pour maximiser l’impact, éviter les doublons et démontrer une véritable « additionnalité ».


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